Bonsoir à toutes et à tous,
Nous voilà déjà au spectacle de clôture de la saison 2024/2025, et je tiens à vous remercier chaleureusement d’avoir été avec nous tout au long de cette année riche en émotions. Pour finir en beauté, je suis très enthousiaste de présenter, pour la première fois à Danse Danse, le chorégraphe portugais Marco da Silva Ferreira, qui s’impose comme l’une des voix les plus singulières de la scène contemporaine.
J’ai vu CARCAÇA un été, alors que je faisais du repérage de spectacles pour Danse Danse. Sa danse est vibrante, porte un message fort, et est profondément ancrée dans une réflexion politique : Marco da Silva Ferreira y interroge la mémoire collective et la manière dont les traditions s’effacent avec le temps. C’est une signature chorégraphique qui marque les esprits.
Ce spectacle est aussi un véritable tourbillon d’énergie. Sur scène, dix danseur·se·s – dont Marco da Silva Ferreira lui même – donnent vie à un rituel effervescent, où se mêlent pulsations électrisantes, élans de groupe et réminiscences folkloriques. C’est une célébration de ce que nous partageons, mais aussi un appel à ne pas oublier d’où nous venons.
J’ai le sentiment que vous garderez en mémoire le nom de Marco da Silva Ferreira que nous avons le bonheur de vous faire découvrir.
Je vous souhaite une belle soirée !
Pierre Des Marais — Directeur artistique et général de Danse Danse.
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Reconnaissance territoriale
Danse Danse reconnaît que l’endroit où nous nous trouvons fait partie du territoire traditionnel et non cédé des Kanien’keha:ka. Nous honorons la présence continue des peuples autochtones sur le territoire Tiohtiá:ke (Montréal) qui a longtemps servi de lieu de rencontres et d’échanges entre les nations. Dans le respect des liens avec le passé, le présent et l’avenir nous remercions les peuples autochtones de nous rappeler l’importance de vivre en harmonie avec soi, avec les autres et avec la nature et nous sommes reconnaissants de pouvoir présenter des oeuvres d’art vivant à Tiohtiá:ke.
C’est un honneur de partager CARCAÇA avec vous ici à Montréal, pour la clôture de la saison de Danse Danse. En tant que chorégraphe, je commence souvent par des questions plutôt que par des réponses — des questions sur l’identité, l’héritage, la communauté, et la façon dont le corps conserve et transmet la mémoire.
CARCAÇA est née d’une réflexion sur la manière dont les traditions — en particulier celles transmises oralement ou physiquement — se transforment ou disparaissent avec le temps. Cette œuvre est animée par le désir de questionner la façon dont la mémoire collective s’incarne, s’efface, se transforme. Au Portugal, j’ai observé comment certaines pratiques culturelles — souvent issues de la résistance — sont adoucies, stylisées, voire oubliées. Mais ce n’est pas qu’une histoire portugaise. Partout dans le monde, la réécriture de l’histoire et le silence imposé aux mémoires communautaires sont des actes politiques. Se souvenir l’est aussi.
CARCAÇA n’est pas un hommage nostalgique. C’est un choc vibrant de corps, de rythmes et de gestes — une danse qui résiste à l’effacement. Les interprètes avancent ensemble dans la friction et la célébration, construisant quelque chose d’instable, mais vivant : un manifeste chorégraphique où l’identité n’est pas figée, mais forgée dans l’acte de se rassembler.
Dans le monde d’aujourd’hui — où la démocratie est mise à mal, où les identités culturelles sont marchandisées ou effacées — je crois que l’art doit provoquer. J’espère que CARCAÇA fera écho aux débats qui traversent le Canada autour de l’héritage, de la pluralité et de la politique de la présence.
Je suis profondément reconnaissant d’être accueilli ici, et j’espère que CARCAÇA résonnera avec vos propres mémoires, vos mouvements et votre contexte.
Marco da Silva Ferreira — Chorégraphe.
Dans CARCAÇA, Marco da Silva Ferreira utilise la danse comme un outil pour explorer la communauté, la construction d’une identité collective, la mémoire et la cristallisation culturelle.
La chorégraphie, qui débute par des jeux de jambes sautillants faisant office d’agitateur et d’accélérateur, dessine peu à peu un corps vibrant, rebelle et carnavalesque.
Un groupe de 10 interprètes forme un collectif qui explore son identité commune à travers un flux corporel physique, intuitif et décomplexé, mêlant danse et construction culturelle. Ils partent d’un vocabulaire de pas familiers, issus du clubbing, des ballrooms, des cyphers et du studio, pour s’approcher des danses folkloriques standardisées et figées, liées à leur mémoire et à leur héritage.
Ces danses du passé se sont figées et n’ont pas su intégrer de nouvelles définitions des corps, des groupes et des communautés considérées comme marginales. Il a fallu rompre avec un passé autoritaire, totalitaire et paternaliste.
Avec CARCAÇA, c’est un véritable exercice de réconciliation entre passé et présent qui est proposé. En s’interrogeant : Comment décide-t-on d’oublier ou de se souvenir ? Quel est le rôle des identités individuelles dans la construction d’une communauté ? Quelle est la force motrice d’une identité ? Quel monde traverse le corps, à la fois individuel et collectif ? Ou plutôt, quels corps traversent le monde ?
Ces pas, complexes mais exécutés avec des baskets ordinaires, apportent sur scène non seulement le son, mais aussi les échanges d’énergie cinétique, thermique et lumineuse. Ces sons physiques sont accompagnés par les percussions de João Pais Filipe et la musique électronique de Luis Pestana.
Ces éléments, joués en direct, composent une bande-son effervescente qui mêle des références aux musiques traditionnelles (comme les fanfares et les marches), à la musique postmoderne et aux sonorités des clubs (techno trance/dub).
En 2020, la création de CORPOS DE BAILE pour la Companhia Nacional de Bailado a marqué le début de cette recherche sur le collectif, l’identité et le travail du pied, qui a inspiré la création de CARCAÇA.
Son chemin a été autodidacte à travers des styles de danse qui ont évolué dans un contexte urbain avec des influences afro-descendantes. Entre 2002 et 2010, l'orientation et le lexique de sa danse se diversifient et se rapprochent des outils d'improvisation et de composition contemporains.
Direction Artistique et Chorégraphie Marco da Silva Ferreira.
Assistance Artistique Catarina Miranda.
Interprètes André Garcia, Cacá Otto Reuss, Fábio Krayze, Marc Oliveras Casas, Marco da Silva Ferreira, Maria Antunes, Max Makowski, Mélanie Ferreira, Nelson Teunis, Nala Revlon.
Interprète dans la distribution initiale Leo Ramos.
Conception Lumières et direction technique Cárin Geada.
Technicien Sonore João Monteiro.
Musique João Pais Filipe (percussionniste) Luís Pestana (musicien électronique).
Costumes Aleksandar Protic.
Scénographie Emanuel Santos.
Études Anthropologiques Teresa Fradique.
Danses Folkloriques Joana Lopes.
Direction de Production Mafalda Bastos.
Production Joana Costa Santos, Mafalda Bastos.
Production Structure Pensamento Avulso.
Diffusion ART HAPPENS.
Co-production Teatro Municipal do Porto, Centro Cultural de Belém, Big Pulse Dance Alliance, co-produite par New Baltic Dance (Lituanie), Julidans (Pays-Bas), Tanz im August/HAU Hebbel am Ufer (Allemagne), Dublin Dance Festival (Irlande) et ONE Dance Week (Bulgarie), cofinancée par le programme Europe Créative de l'Union Européenne, Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie, La briqueterie - CDCN du Val-de Marne, Maison des arts de Créteil, KLAP- Maison pour la danse, CCN-Ballet National de Marseille, Charleroi danse, centre chorégraphique de Wallonie - Bruxelles, December Dance (Concertgebouw et Cultuurcentrum Brugge), La rose des vents – scène nationale Lille Métropole – Villeneuve d’Ascq, TANDEM Scène Nationale Arras-Douai.
Soutien República Portuguesa – Cultura, DGARTES – Direção Geral das Artes.
Résidences Artistiques A Oficina, Ballet National de Marseille, Escola Superior de Dança, O Espaço do Tempo, Teatro Municipal do Porto.