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Mardi 3 décembre 2024 - Blogue de Danse Danse

La philanthropie culturelle

La philanthropie, c’est une histoire de cœur et d’engagement. C’est une histoire d’espoir et de générosité. Mais concrètement, qu’est-ce qu’elle signifie ? La philanthropie est un univers parfois méconnu : souvent perçue comme réservée à quelques-un·e·s, elle est en réalité accessible à tou·te·s et peut prendre de multiples formes. Pour mieux la comprendre, nous avons rencontré Wendy Reid, professeure honoraire en management à HEC Montréal et chercheuse en philanthropie. À travers cet entretien, elle nous éclaire sur les facettes de la générosité et démystifie l’art de donner.

DD : Qu'est-ce qui vous a amenée à vous impliquer dans la philanthropie culturelle ?

WR : Je n’avais aucune orientation vers la philanthropie avant le début de ma trentaine. Le don ne faisait pas partie de la culture de ma famille. On vivait à Toronto; mon père était médecin, mais il a eu une enfance très pauvre. Pour lui, l’idée de donner de l'argent n'était pas dans sa culture.

J’ai commencé à assister à des spectacles quand j’étais très jeune, à l’âge de 5 ans. Dans les années 80, quand je travaillais au Ballet National du Canada (BNC), il y avait une culture philanthropique peu développée. Et j’avais des collègues américains au Canadian Opera Company qui ont voulu bâtir une maison d’opéra à Toronto. Ils voulaient travailler avec le BNC, car traditionnellement une maison d’opéra implique un partenariat entre l’opéra et le ballet. Et à ce moment-là, ils ont voulu que le BNC devienne de plus en plus compétent en philanthropie pour rendre le partenariat efficace. Le conseil d’administration du BNC m’a demandé si je pouvais prendre en charge la collecte de fonds. J’ai appris grâce à mes collègues au Canadian Opera Company qui, étant Américains, se sont formés en philanthropie dans les universités aux États-Unis. Ils m’ont partagé leur façon de faire, et j’ai commencé à travailler dans la philanthropie culturelle. C'était à ce moment que j'ai commencé à donner.

DD : Comment expliqueriez-vous simplement ce qu’est la philanthropie culturelle ?

WR : La philanthropie signifie un engagement dans la communauté par la générosité. La philanthropie, c’est une motivation à avoir un impact dans la qualité de vie.

Pour ce qui est de la philanthropie culturelle, c’est une philanthropie de proximité, qui vient des gens qui sont très proches de l’organisation, des gens qui sont passionnés, des gens avec qui on peut parler dans les salles. C’est un type de donateur·rice et un type de motivation à donner qui est assez unique en contraste avec d’autres secteurs comme la pauvreté, par exemple.

La pauvreté était dans la tradition de charité de l’Église. N’importe quelle église a un sens de responsabilité à la charité. La charité est souvent définie par la pauvreté, la santé, et je dirais aussi l’éducation. C’est une longue tradition et, depuis ce temps-là, on multiplie et on ajoute dans le domaine de la bienfaisance. On a ajouté d’autres causes qui rejoignent tout le monde comme l’environnement, et comme l'aide internationale. Et puis les arts et la culture se sont ajoutés en affiliation avec l'éducation (selon l’Agence du revenu Canada).

La philanthropie de proximité, comme dans le milieu des arts, a moins de donateur·rice·s que pour une cause comme la pauvreté, mais les gens sont très motivés parce qu’il y a la passion et la connaissance de l’art derrière leur geste. Les arts ne sont pas plus difficiles que d’autres causes en philanthropie, ils sont juste particuliers.

« En s’engageant, les donateur·rice·s valident la légitimité de l’organisation et renforcent son impact. »

Wendy Reid,
Montréal

DD : Selon vous, pourquoi est-il important de soutenir la culture par le don ?

WR : D’abord, il y a des fondations qui donnent. Même si elles sont souvent soutenues par le gouvernement, derrière il y a quand même des personnes qui veulent s’engager dans la communauté et qui veulent que cet argent ait un impact dans la société. Les fondations sont importantes pour créer des ressources additionnelles.

Puis il y a le don par les individus, qui peut se faire de plusieurs manières - don annuel, don mensuel, don comme membre, don testamentaire, etc. Ces dons vont au-delà d’une simple contribution financière. Ces donateur·rice·s font souvent partie du public de l’organisation, mais s’engagent davantage par rapport à d’autres qui ne font qu’assister à la culture. En soutenant la culture par le don, ils créent une communauté autour de l’organisation, une communauté qui partage les mêmes valeurs et s’investit activement.

Soutenir la culture par le don, c’est aussi renforcer la fidélité et l’engagement. C’est cultiver un sentiment de passion autour de l’organisation. Et ce n’est pas seulement une question d’argent : il y a une véritable rétroaction, une reconnaissance mutuelle. En s’engageant, les donateur·rice·s valident la légitimité de l’organisation et renforcent son impact.

DD : Qui peut être un·e philanthrope ?

WR : N’importe qui, partout dans la société, pour n’importe quelle cause. Il y a des gens qui donnent 5 dollars par mois, d’autres 50 dollars et ce sont tous des donateur·rice·s. Ce n’est pas une question d’être riche, c’est une question de motivation. Un philanthrope, c’est quelqu’un qui est motivé à s’engager dans la communauté.

DD : Quelles idées fausses ont les gens sur la philanthropie ?

WR : Beaucoup de gens pensent que la philanthropie ne concerne que les grands donateur·rice·s – soit des gens assez aisés. Mais ce n’est pas du tout le cas. Oui, il faut avoir les moyens pour faire de grands dons. Mais les petits dons c’est aussi ça qui crée la communauté. Si on change cette perception, ça va ouvrir la porte de la philanthropie à tout le monde.

DD : À votre avis, que gagne un donateur·rice, sur un plan humain, en soutenant la culture ?

Le bien-être ! C’est aussi simple que ça.

Le bien-être parce qu’en donnant on sent qu’on a fait du bien. La recherche dit que la chimie dans le cerveau change quand on a fait un don. S’engager comme philanthrope dans les arts crée du bonheur parce qu’on sent qu’on fait partie de cette activité qui nous plaît. Quand je regarde mon nom sur une liste de donateur·rice·s d’une organisation culturelle, je sens que cette cause m’appartient un peu et je me sens bien, car ça démontre mon implication. Il y a une reconnaissance et un retour dans tout ça.

Rencontre avec Wendy Reid

Comprendre la philanthropie avec Wendy Reid, professeure honoraire en management à HEC Montréal et chercheuse en philanthropie.

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